Département de l'Aude

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(ENSEMBLE ON EST PLUS FORT)

On offre l’hospitalité aux sans-abri

Cet hiver, alors que des températures glaciales s’abattaient sur notre département, un mouvement citoyen s’est formé spontanément sur les réseaux sociaux pour offrir chaleur et hospitalité aux personnes sans-abri de Narbonne. Rencontre avec Benoît et Sabine, membres de Narbonne Solidaire.

Benoît
« Le 4 janvier, j’ai lancé un appel spontané sur Facebook pour venir en aide à un homme de 62 ans qui dormait dehors. Il faisait un froid polaire ce soir là. Les gens se sont mobilisés directement, descendant dans la rue, qui avec un café, qui avec une couverture ou une soupe chaude… La page Facebook Narbonne Solidaire est née ce jour-là et elle a tout de suite été suivie par de nombreux habitants qui cherchaient à faire un geste solidaire, à donner un coup de main, mais qui ne savaient pas par où commencer. Très vite, en plus des dons matériels, des repas et des maraudes que nous organisions, quelqu’un nous a proposé de mettre son garage à disposition pour héberger ceux qui en avaient besoin. De fil en aiguille, nous nous sommes mis à relayer toutes les nécessités d’hébergement sur le réseau, et les portes des habitants se sont grandes ouvertes. En deux mois, six garages ont ainsi été prêtés et une trentaine de sans-abri ont été accueilli chez des particuliers. Sans compter la soixantaine de nuits d’hôtels payées directement par les habitants auprès des établissements hôteliers (nous n’acceptons pas les dons d’argent). Et ces nuits au chaud ne sont pas seulement source de confort, elles peuvent être aussi l’occasion d’apporter un peu de soutien psychologique, de l’aide administrative. Je pense à David, ce jeune de 30 ans, à la rue depuis trois mois. En étant logé chez un particulier, il a retrouvé la motivation, et aujourd’hui un travail et des papiers d’identité.
Avec l’arrivée des beaux jours, les besoins d’hébergement vont sans doute diminuer, mais pas les besoins alimentaires, bien au contraire, car de nombreuses associations d’entraide ferment leurs portes en été. Si les bonnes volontés continuent d’affluer, nous poursuivrons de notre côté la distribution de repas, mais pourquoi ne pas offrir vous-même un dîner dans votre cuisine ou partager un barbecue dans votre jardin ? C’est ça, aussi, l’hospitalité. 
»

Sabine
« J’ai 63 ans, je vis seule dans un deux pièces et depuis plusieurs années je pratique le couch surfing [un service d’échange d’hébergement temporaire et gratuit entre particuliers, NDLR]. Alors quand cet hiver, à Narbonne, j’ai rencontré cette jeune fille à la rue qui semblait avoir très froid, il m’a semblé tout naturel d’aller faire quelques courses au supermarché avec elle et de lui proposer de venir dormir chez moi avec son ami. Le lendemain, trois de leurs connaissances les ont rejoint, c’était très sympathique, puis ils sont tous repartis sur les routes. Quelques jours plus tard, c’est un couple qui venait de se faire brûler sa tente auquel j’ai proposé l’hospitalité. Au final, j’ai accueilli chez moi dix personnes sur vingt nuits durant l’hiver. Et je n’ai eu aucun, mais vraiment aucun problème. Je comprends que cela puisse faire peur à certains, mais c’est une question de confiance et de feeling. Il ne faut pas hésiter à aller prendre un café ou manger un morceau avec eux avant, et surtout garder à l’esprit que ces personnes à la rue sont des êtres humains comme les autres, qui ont vécu, travaillé, eu un logement, parfois des enfants. Tous ceux que j’ai accueilli chez moi m’ont dit la même chose : le plus dur dans la rue, c’est le mépris des autres, la déshumanisation, la perte de crédibilité, l’infantilisation… Il m’a semblé tellement important de pouvoir leur offrir un moment de répit, les « couper de la rue » pour un soir ou deux, leur donner les moyens de retrouver un peu d’amour propre. À chaque fois qu’ils repartaient, je pleurais, émue d’avoir pu partager ces moments avec eux et de les voir debout malgré tout, avec des béquilles parfois, mais debout. Et quoi que m’en disent mes amis, ce sont eux les vrais héros de l’histoire, pas moi. »



Voir aussi notre beau geste « On fait un don pour les plus démunis ».

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